mardi 26 novembre 2013

La formation est efficace et durable lorsqu’elle s'appuie sur le fonctionnement du cerveau




Entreprises et apprenants demandent aujourd’hui des formations différentes, innovantes, plus interactives et surtout plus efficientes. Quels sont les types de formations qui offrent cette valeur ajoutée ? Qu’est ce qui leur confère leur efficacité ? Quelle est l’andragogie active de ces outils ? L’innovation est au cœur des besoins de l’entreprise dans de  nombreux domaines. L’offre de formation peut elle aussi s’inscrire dans cette logique tout en offrant du sens et une adaptation réelle aux attentes.
La demande d’innovation montante de la part des apprenants est légitime et arrive au bon moment

Elle est légitime : parce que  les formations classiques sont à bout de souffle. Descendantes, magistrales, soporifiques même parfois, elles n’atteignent que très peu leurs objectifs principaux. La mémorisation concerne un faible pourcentage des éléments transmis et est souvent de courte durée. Quant à leur mise en pratique, elle semble encore plus réduite. Malgré ces piètres résultats, ce format de transmission des savoirs continue de structurer l’ensemble du système scolaire et se poursuit trop souvent encore dans l’enseignement supérieur. Une partie importante du décalage que l’on déplore entre le monde scolaire / universitaire et les attentes pragmatiques de l’entreprise provient de ce mode d’apprentissage (des contenus aussi, bien sûr).

Les écoles alternatives existent pourtant, et certaines donnent des résultats intéressants. Citons parmi elles l’école proposée par Sophie Rabhi (fille de Pierre Rabhi) qui, s’inspirant de Montessori, Krishnamurti, Freinet, Steiner, Alice Miller et Dolto,  pratique une "Pédagogie de la bienveillance" au sein  d'un éco-village pédagogique ardéchois. 
 
Citons également les initiatives de certaines grandes écoles qui innovent, testent, osent avec bonheur une nouvelle culture de formation des futurs entrepreneurs et cadres. C'est le cas notamment d'un programme très novateur proposé depuis deux ans par EM Lyon Business School et Centrale Lyon. I.D.E.A., c'est son nom, programme d'innovation entrepreneuriale, intègre l’art, l’action les outils collaboratifs, non comme une récréation, mais comme de véritables supports d’apprentissage, développeurs cognitifs et vecteurs pédagogiques de compétences créatives, adaptatives et sociales.          


Elle arrive au bon moment : car les neurosciences et leurs apports de connaissances sur le fonctionnement du cerveau en apprentissage, sur la mémoire et sur l’intelligence humaine permettent désormais de concevoir des processus de formation beaucoup plus efficaces et durables, composant avec les spécificités du cerveau.

Dans l’entreprise, au travers de la formation continue, ce sont à nouveau nos « générations Y » qui poussent, bousculent, demandent des évolutions. Habitués au monde interactif des jeux vidéo et au partage des savoirs sur le net, ils sont néanmoins très preneurs de connaissance. Mais ils se veulent acteurs de leur apprentissage. Vous n’avez pas plus tôt évoqué un concept, cité une référence ou un auteur dans une session qu’avant la fin de votre phrase, ils vous donnent déjà le déroulé et les détails qu’ils viennent de découvrir sur Google, Wikipédia ou sur un think-tank.

Pour commencer à répondre à ces nouveaux besoins et à ces rythmes différents, les dix dernières années ont vu fleurir le e-learning, les serious games, les MOOC (Massive Open Online Courses) des cours gratuits en ligne intégrant du multimédia et une interactivité avec des coachs. 

Mais une formation innovante et efficace, c’est comment ?

L’efficacité d’une formation, innovant ou non, est proportionnelle à sa capacité à composer avec toutes les zones et caractéristiques du cerveau. Le CERI (Centre pour la Recherche et l’Innovation dans l’enseignement) s’est largement penché, en collaboration avec l’OCDE sur les leviers de réussite d’un apprentissage et sur ses freins. Des neuroscientifiques ont décrit les conditions d’une neuro pédagogie/andragogie optimale. Et les constats convergent pour inciter les professionnels à concevoir des sessions qui utilisent notamment les éléments suivants comme des outils centraux :

  • L’action : l’apprenant est mis en situation d’agir, d’apprendre à faire et devient acteur de sa montée en compétence. Il est encouragé à expérimenter, autorisé à se tromper. Le cerveau apprend de ses essais et erreurs. La mémorisation est renforcée par le geste, par l’action répétée. La session est donc une première mise en pratique. L’idéal, pour parvenir à l’intégration réelle, est un accompagnement qui va permettre à l’apprenant de s’entraîner, de répéter l’action régulièrement, comme dans la pratique d’un instrument. Ainsi le cerveau va ainsi développer de plus en plus de connexions neuronales, voire un réseau important qui faire passer la personne d’apprenant à autonome et même à expert si la compétence se développe encore.
  • L’émotion : parce qu’elle est, elle aussi, un fort vecteur de mémorisation. Tout type d’émotion, et non seulement la peur, comme on pourrait le penser. Celle-ci peut d’ailleurs s’avérer contre-productive, la sensation d’une pression trop forte pouvant faire perdre à une personne ses moyens de compréhension et d’action.
Bien des solutions créatives peuvent être imaginées pour solliciter l’action des apprenants et associer l’émotion. Mais les neurosciences et toutes les expérimentations que nous avons réalisées nous amènent à privilégier deux vecteurs qui offrent réellement des trésors d’apprentissages possibles : 

l’art et le jeu.

L’un et l’autre de ces outils mettent les apprenants en action, sollicitent une pensée analogique et métaphorique, et génèrent des émotions. Ils deviennent alors des outils-supports pédagogiques/andragogiques d'une grande puissance et suscitent en plus une forte adhésion, ce qui renforce l'engagement des participants et les résultats positifs. L’apprenant, par nature des actions proposées (jeu andragogique ou pratique artistique), est hors de son contexte professionnel. Une fois passés les premiers instants d'étonnement face à la sollicitation inhabituelle, chaque participant peut ainsi s’engager dans l’action artistique ou ludique sans pression du résultat, sans autre enjeu que le plaisir du moment. Car le but, et ceci est capital, n’est ici ni la compétition, ni la performance artistique. 

Quant aux liens avec la pratique professionnelle et les d’apprentissages, ils se font très vite et très spontanément par l’apprenant lui-même, grâce à des parallèles cognitifs. L’émotion que procure le plaisir du jeu ou le plaisir de pratiquer un art (chant, peinture, sculpture…) vient ancrer la mémoire de l’action.

Les résultats sont véritablement étonnants d’efficacité, qu’il s’agisse de ludo pédagogie ou de pratique artistique. Mais je conclurai sur une maxime du Bouddha : « Ne croyez pas ce que je vous dis, faites votre expérience par vous-même avant de le croire ».

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